Ca
Japon

Né à Tokyo, Sugio Yamaguchi était un enfant qui mangeait peu. « Ma mère cuisinait très bien mais je détestais la cantine, je ne finissais jamais mon assiette, se souvient-il. C’est sans doute parce que j’aimais manger que je ne trouvais pas ça bon. » À 16 ans, il trouve un petit boulot chez un chef coréen qui lui apprend à découper la viande, les légumes, à faire les sauces. La cuisine s’impose, et ce sera la gastronomie française plutôt que les sushis. Après l’école hôtelière, il travaille deux ans pour gagner suffisamment d’argent en vue du grand voyage vers le pays qui changera sa vie : la France. Il ouvre son restaurant, Botanique, en 2015.

Vous souvenez-vous de votre arrivée en France ?
Sugio Yamaguchi :

Très bien ! C’était en septembre 2008, à l’automne. Il faisait très chaud au Japon, très froid ici, j’étais en t-shirt avec deux valises de 30 kg. Je suis parti directement pour Jurançon, dans un restaurant 2 étoiles. Le chef partait au marché tous les matins, il revenait vers 10h et faisait son menu à 10h30. Il y avait beaucoup de préparation, c’était chaud mais assez amusant. C’est un bon souvenir, j’ai appris beaucoup de choses. J’ai compris que, dans la cuisine française, c’est le produit qui compte.

Comment qualifier votre restaurant, Botanique ?
Sugio Yamaguchi :

Nous l’avons ouvert avec Alexandre, mon associé, sans vouloir être très carrés. On fait comme on veut, en fait. Au rez-de-chaussée, c’est un bistrot. On y sert de la cuisine française traditionnelle. À l’étage, c’est la table du chef, une cuisine gastronomique inspirée de mes voyages, pleine de saveurs.

Comment le fromage est-il entré dans votre vie ?
Sugio Yamaguchi :

Je connaissais quelques fromages japonais mais cela ne représente rien, chez nous, on ne s’y intéresse pas. J’ai découvert le fromage français pendant un cours à l’école hôtelière. J’avais 20 ans. Il y en avait une dizaine, pas de très bonne qualité, sans doute, et pas à bonne température. Le seul que j’ai aimé, c’est le Morbier. Je trouvais ça très beau, facile à manger. Depuis, j’adore le fromage, j’en goûte plein. Quand j’ai faim je mange un morceau de Comté, de Salers ou de Saint-Nectaire. J’aime les fromages qui ont du caractère.

Le fromage s’accorde-t-il avec les produits japonais ?
Sugio Yamaguchi :

Très bien ! Pour la recette, par exemple, j’utilise du yuzu, un agrume parfumé mais très doux si on n’utilise que le zeste. À Arbois, j’ai mangé un fromage avec un confit d’agrumes, c’était bon mais un peu trop acide. Acidité et fromage, ça ne marche pas.

J’aime les fromages de caractère
Le fromage trouve-t-il sa place dans votre restaurant ?
Sugio Yamaguchi :

Ça ne m’intéresse pas de juste le couper, je suis cuisinier. Je fais par exemple des légumes racines d’hiver cuits comme un risotto, liés ensuite au Bleu d’Auvergne. Pour les Français, ça change un peu. J’essaie d’apporter quelque chose de différent. Nous, les Japonais, on aime les légumes croquants. Or, ça fonctionne bien avec le fromage, ça donne plus de goût, de richesse, de gourmandise.

Dites : « Sweet Cheese »
Sugio Yamaguchi :

Pour Sweet Cheese, je voulais faire un dessert, mais pas très sucré. Le fromage et le sucré ça marche mais, par exemple, pour moi, avec de la confiture, c’est un peu trop. Je voulais faire quelque chose de bien dosé. J’appelle ça un gâteau de digestion, on peut le manger avant, pendant ou après le dessert. J’ai choisi un Morbier AOP de 120 jours, fermier, parce que je l’adore. Il a naturellement du goût mais il s’adapte aussi à beaucoup de choses. Il fonctionne bien avec les plantes aromatiques. C’est normal, les vaches mangent des herbes. Cela m’a donné l’idée de la recette. Et pour l’appareil à flan, j’ai choisi la Tome des Bauges, que j’ai appréciée l’été dernier lors d’un voyage dans le Jura. Elle fond bien à la cuisson mais sa texture reste intéressante quand il refroidit. J’avais envie d’avoir deux textures différentes de fromage, cuite et crue.

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Les infos utiles

Botanique

71 Rue de la Folie Méricourt

75011 Paris

www.botaniquerestaurant.com

+33 (0)1 47 00 27 80

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